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Antoine Guillon sera évidement au rendez-vous de la Diagonale des Fous 2023. Ça sera sa 16e participation à cette course si particulière pour lui.

Antoine Guillon est le plus fidèle des trailers “élites” à venir courir chaque année la Diagonale des Fous. Il a construit avec cette course et La Réunion une relation intime et durable. Mais Antoine est aussi un homme aux multiples activités, trailer au palmarès impressionnant qui enchaine sans sourciller 6 à 8 ultras par an, il est avec Christophe le Saux membre fondateur de la Team GlobeTrailers avec qui il organise des stages de trail et exerce aussi ses talents d’écrivain (Soyons Fous, Tim Runwood, Le plaisir de courir sans contrainte…), sans parler d’autres mandats ni de ses jardins. Bref, Antoine est un homme occupé, très occupé, mais il sait donner du temps et de l’attention à chaque chose, le tout avec une sérénité déconcertante. En trail comme dans la vie, il n’a pas volé son surnom de métronome.

Le Fou de Diagonale

Le palmarès général est éloquant : Champion du monde Ultra Trail® World Tour 2015, 7 UTMB® (dont 4ème, 5ème, 6ème, 8ème), 3 TDS® (dont 2ème et 3ème), 3 victoires à la Transmartinique… Sur le Grand Raid il est inégalé : 15 participations à la Diagonale et presque toujours dans le Top 5. Vainqueur en 2015, 2ème à 5 reprises, 3ème en 2009 et 3 fois 4ème.

Participations : 15

Diagonale des Fous

Vainqueur : 1

En 2015

Record : 25:07:37

En 2018

En 2019, nous avions fait une interview ou Antoine avait accepté de revenir avec nous sur cette course et ces nombreux projets.

Pour commencer comment vas-tu à l’entame de cette saison 2019 ?

“Ca va très bien, 2018 a été une belle saison où comme depuis quelques années j’aime bien alterner 2 courses classiques et des découvertes, l’année dernière en Afrique du Sud ou en Grêce, mais bon c’est vrai que je reste un peu sur ma faim pour la Diagonale… J’avais commencé ma phase de remontée depuis Mare à Boue mais la chute à Marla m’a stoppé dans ma progression et ensuite j’ai géré comme j’ai pu. Mais je suis bien décidé à faire mieux pour la 13ème ! (rire) Cela m’a aussi permis de confirmer que mes choix de préparation étaient les bons.”

Justement tu nous parles un peu de ta préparation ?

“Oui elle a commencé et comme l’an dernier j’ai décidé de faire beaucoup de vélo et d’entrainements croisés, et en trail les mêmes types d’entrainements, axés sur la puissance musculaire, le dénivelé et le volume plus que la vitesse. Je prévois des blocs de travail et des phases de récupération, 6 à 8 ultras et j’ai aussi un projet à La Réunion en juin. Le but de cette préparation est de développer le foncier tout en limitant les chocs, et aussi de pouvoir s’entrainer sur préfatigue et aux sensations. Mais il est important de rappeler à ceux qui débutent de ne pas bruler les étapes et d’y aller progressivement dans leurs entrainements et leurs participations à des ultras. Il ne faut pas oublier les bases et vouloir aller plus vite que la musique.”

La Diag’ toujours en objectif principal de fin de saison ?

“Oui la Diag’ toujours en ligne de mire. J’espère être bien et mon objectif perso serait d’arriver à passer sous les 24 heures sur ce parcours… Y’a toujours quelque chose ça m’agace ! (rire) Donc cette année il faut que j’y arrive. Je ferai de toute façon du mieux possible et puis il y a aussi toujours de gros clients. C’est d’ailleurs ça qui est chouette, rien n’est jamais acquis à l’avance malgré la préparation. En plus cette année la Diagonale entre et servira de finale au Challenge UMNT, ce qui est une très bonne chose pour les coureurs, la course et la visibilité de l’évènement.”

Tu fais des ultra-trails partout dans le monde, pourquoi la Diagonale reste si particulière pour toi ?

“Pour moi la Diagonale est vraiment à part… Elle se différencie complètement des autres courses pour pleins de raisons : Déjà il y a cette ambiance énorme, et pas seulement grâce aux coureurs, mais aussi parce qu’il y a une ferveur du public qu’on ne retrouve nulle part ailleurs et qui donne à la Diag’ cette dimension unique. On sent que c’est un public de connaisseurs qui aime la Diagonale. Il nous porte et nous pousse à nous dépasser et ça me donne toujours une grande motivation et l’envie de revenir. Pour moi, c’est vraiment la fête du trail et de l’ultra. Et puis la Diag’ c’est un voyage qui a du sens, traverser une île, et un parcours sublime, mais c’est aussi une épreuve de caractère, variée et difficile. Le parcours est tellement compliqué que selon les conditions météo, l’aventure sera à chaque fois différente, il y a toujours du renouveau et on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé. Tout est possible sur la Diag’ et il faut y être prêt. Enfin j’aime aussi l’idée de m’inscrire dans le temps sur une épreuve, de construire et de se bonifier avec  elle.”

D’ailleurs quel regard portes-tu sur cette course dans le calendrier international actuel ?

“En fait la Diagonale est une course qui n’évolue pas trop. Elle garde ses valeurs de course populaire qui a comme base la relation entre le public et les coureurs et c’est essentiel. Elle est aussi un peu à part dans son côté moins aseptisée et plus rustique que les grands rendez-vous mondiaux du trail aujourd’hui, et pourrait faire un peu figure de village gaulois (rire). L’évènement et la sécurité sont bien gérés mais sans être trop rigides, et il y a encore de la place pour la prise d’initiative et la responsabilité. Ça me plait. Nous sommes à la base sur une discipline où on est censés être autonome et il ne faut pas non plus tout vouloir encadrer à l’excès.”

Tu trouves dans cette idée que ce sport et le trail change ?

“Le trail se professionnalise et se médiatise et c’est une bonne chose pour les athlètes. Cela reconnait comme dans les autres sports les efforts importants consentis par les athlètes de haut niveau. Le trail grandit et évolue, il y a de plus en plus de courses, de formats et de longues distances et la sécurité reste un enjeu essentiel. Du côté des participants, je trouve que de plus en plus de coureurs grillent les étapes et veulent aller trop vite sur les formats ultras, avec tous les risques que cela comporte, et avec comme conséquence de voir plus de randonneurs que de coureurs. D’un sport qui a la base est fait pour se découvrir, mieux se connaître et surtout prendre du plaisir, je me demande ce que retire certains coureurs qui se blessent, abandonnent ou vivent leurs entrainements comme un sacerdoce. On fait du trail pour soi et pas pour le regard des autres, et la médiatisation apporte de ce côté certains travers, c’est dommage. Il faut insister sur la nécessité de progresser doucement et par étape, et bien sur de le faire dans le plaisir.”

Au fait on a bien entendu ? Tu as un projet cette année à La Réunion ? tu peux nous en dire un peu plus ?

“Oui mais seulement un peu plus car j’en suis au stade de la préparation. J’aimerai faire une tentative de record du tour de l’île de La Réunion sur route. Je sais qu’un précédent record a été établi par Jacky Murat et j’aimerai repartir de cette trace pour faire cette tentative au mois de juin 2019. Mais l’idée serait aussi de pouvoir partager cet évènement avec d’autres coureurs ou certains clubs. Je suis en train d’essayer d’organiser tout ça et j’espère vous voir en juin à cette occasion.”

Tu as d’autres projets ?

“Oui dans la continuité de mon projet à La Réunion et avec mon record sur l’île de Minorque, j’aimerai pourquoi pas continuer une série de tentatives de records de tours d’autres îles, la Martinique ou Madère par exemple. Sinon, la Team GlobeTrailers va bien et continue de se développer avec un changement d’équipementier pour 2019. Je consacre aussi du temps aux Trail Camps que j’organise avec Christophe (Le Saux), au département de l’Hérault dont je suis l’ambassadeur sportif, à mes jardins et aux élevages, et enfin à l’écriture quand il me reste un peu de temps.”

Crédits photos : Antoine Guillon

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